

RIGOLETTO
« Oh ! Le Roi s’amuse est le plus grand sujet, et peut-être le plus grand drame des temps modernes. C’est une création digne de Shakespeare ! » Quelques mois avant d’adresser ces mots à Francesco Maria Piave pour le presser de « mettre Venise sens dessus dessous et faire en sorte que la Censure autorise ce sujet » - ce qui n’alla pas sans mal, la moralité ne tardant pas à s’en offusquer -, Verdi travaillait à une adaptation du Roi Lear. Et sans doute est-ce imprégné de la pièce de Shakespeare, son maître vénéré, qu’il lut le drame de Victor Hugo, sentant « comme un éclair, une inspiration » en trouvant sous la plume du Français, à laquelle il devait d’ailleurs le plus grand triomphe de ses « années de galère » avec Ernani, un équivalent au triangle formé par le Roi, sa fille et le fou. Entre le duc, futile, licencieux, et Gilda, victime de l’ignorance dans laquelle elle est retenue prisonnière, se dresse la figure à deux visages du bouffon bossu et du père obsédé par la malédiction. Monstrueux et déchirant, grotesque et sublime, le rôle-titre atteint son apogée dans l’air ≪ C ortigiani, vil razza dannata ≫, dont le mouvement descendant, de l’explosion de rage à l’imploration, affirme la capacité du compositeur à plier une forme héritée du bel canto à la vérité du théâtre. Placée sous la direction de Nicola Luisotti, cette nouvelle production de Rigoletto marque la première collaboration du metteur en scène Claus Guth avec l’Opéra de Paris.
Melodramma en trois actes (1851)
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Maria Piave
D’après Victor Hugo, Le Roi s’amuse
Direction musicale : Nicola Luisotti
Mise en scène : Claus Guth
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Michael Fabiano, Il Duca di Mantova
Quinn Kelsey, Rigoletto
Olga Peretyatko, Gilda
Rafal Siwek, Sparafucile
Vesselina Kasarova, Maddalena
Isabelle Druet, Giovanna
Mikhail Kolelishvili, Il Conte di Monterone
Michal Partyka, Marullo
Christophe Berry, Matteo Borsa
Tiago Matos, Il Conte di Ceprano
Andreea Soare, La Contessa
Présenté par Alain Duault
Réalisé par François Roussillon
2h35 dont un entracte de 30 mIn.