

LE TROUVÈRE / IL TROVATORE
Dans la foulée de Rigoletto, Verdi n’aspirait qu’à faire du nouveau. Mais il avait beau trépigner d’impatience, voire même de colère, le projet d’adapter El Trovador, pièce du dramaturge espagnol Antonio García Gutiérrez, ne suscitait de la part de Salvatore Cammarano, son librettiste, qu’un enthousiasme modéré. Conséquence d’une intrigue rocambolesque entre toutes, ou de la maladie qui allait finir par l’emporter, laissant le livret inachevé ? Face aux injonctions du bouillonnant musicien, le poète, auquel Donizetti n’est pas sans devoir une part du succès de Lucia di Lammermoor, ne céda pas. Et c’est bien là le paradoxe de Trovatore, qui passe aux yeux de ses détracteurs pour le comble du mélodrame, mais dont les contraintes formelles imposées par la plume de Cammarano attisèrent la flamme du compositeur. Plus que des personnages - seule Azucena la Gitane, qui détient le secret qui les anéantira tous, fait peut-être exception -, les airs dessinent des figures consumées par des passions confinant à l’abstraction. Du second rôle que Verdi lui destinait initialement, Leonora accède ainsi au statut d’héroïne sacrificielle, dont la cavatine du quatrième acte, ≪ D’amor sull’ali rosee ≫, est moins un adieu qu’une assomption. Anna Netrebko porte cette cantilène extatique à incandescence, entourée d’Ekaterina Semenchuk, Marcelo Alvarez et Ludovic Tézier, dans une nouvelle mise en scène d’Alex Ollé.
Opéra en quatre parties (1853)
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Salvatore Cammarano
D'après Antonio García Gutiérrez
Direction musicale : Daniele Callegari
Mise en scène : Alex Ollé
Orchestre et Choeurs de l'Opéra national de Paris
Anna Netrebko, Leonora
Marcelo Alvarez, Manrico
Ludovic Tézier, Il Conte di Luna
Ekaterina Semenchuk, Azucena
Roberto Tagliavini, Ferrando
Marion Lebegue, Ines
Oleksiy Palchykov, Ruiz
Présenté par Alain Duault
Réalisé par Vincent Massip
2h55 dont un entracte de 30 min.